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Crache!
(Physiologie d'une langue encombrée)

Création en cours

Écriture, mise en scène et jeu Valérie Paüs

 

Collaboration artistique  Gurshad Shaheman / Olivier Barrère

Assistant à la mise en scène Thomas Rousselot

Lumières Michèle Milivojevic

Son  Stéphane Morisse

Costumes Coline Galeazzi

Partenaires : Théâtres Transversal (dans le cadre des Résidences Tremplin DRAC) - Théâtre des Halles/Théâtre des Doms - L'Entrepôt/Mise en scène - Théâtre des Carmes - La Distillerie

Département de Vaucluse - Mairie d'Avignon

Crache est l’histoire d’une traversée.

Une femme entreprend un voyage retour à l’île de la Réunion où elle est née.

Quelque chose lui manque. Quelque chose lui fait défaut.

Une part de son identité. La langue créole.

Une langue qu’elle est incapable de parler alors même qu’il s’agit de l’une de ses langues maternelles.

Pendant le trajet retour dans l’avion, du fond de sa mémoire les souvenirs ressurgissent, la ramenant à l’enfance et à l’adolescence dans l’île.

À des épisodes clés qui ont contribué à forger son rapport actuel au créole et au français.

Du fond de sa gorge la langue étouffée gratte et cherche un passage par lequel rejaillir.

Note d'intention

La naissance de ce texte est liée à un malaise. Celui que je ressens en tant que créole d’origine réunionnaise chaque fois que j’ai une discussion avec un locuteur créole, que je m’adresse à lui en français (le plus souvent) ou en créole. D’un côté un sentiment d’auto-exclusion, et de l’autre d’illégitimité. Une impossibilité d’habiter pleinement ma langue.

J’ai ressenti la nécessité de mettre en mots ce malaise, d’en faire un sort, d’en faire une fiction qui me permettrait, à partir d’éléments personnels, de mettre en lumière les mécanismes qui en sont à l’origine et tenter, par l’écriture et l’usage poétique, de me réapproprier la langue créole et d’affirmer l’amour profond que je ressens pour elle.

Crache est un pont de mots pour tenter d’atteindre cet être-chez-soi dans la langue.

Comment se rattacher à son lieu et à sa culture d’origine quand on les a quittés ? Comment les paroles du monde extérieur nous façonnent-elles pour construire ou déconstruire une identité culturelle ?

La parole est un instrument.

La parole nous modifie.

Les mots peuvent exercer une action puissante sur l’homme.

Ils peuvent modifier notre psychisme, notre identité, notre corps, notre rapport au monde.

Les mots peuvent blesser,

Ou réparer.

Nous couper de nous-mêmes, de nos racines,

Ou bien construire des ponts.

 

Je voudrais, avec ce texte, donner à entendre le pouvoir des mots, la puissance du verbe, comment un corps immatériel, un son, une vibration, peut influencer la matière de nos vies, de nos corps.

Nous nous construisons dans et par le langage.

Nous sommes habités par nos langues.

Qu’on les étouffe, qu’on les interdise, qu’on les oublie, qu’on les dévalorise, elles sont constitutives de nos identités et finissent toujours par ressurgir.

 

Le texte est principalement écrit en français avec des incursions en créole jusqu’au débordement final entièrement en créole.

J’aimerais donner à entendre à un public non créolophone des sonorités d’une langue à la fois familière et étrangère, dont il devinera probablement le sens, et il pourra aussi effleurer une culture différente faite des multiples apports liés à son histoire migratoire.

 

Mon travail s’est toujours construit avec des matières littéraires et/ou poétiques et si c’est la première fois que je me lance dans l’écriture, cette fois encore la matière n’est pas à proprement parler un texte dramatique, mais possède une dimension théâtrale évidente par la place importante donnée à l’oralité, à la musicalité, au chant.

 

Un récit de vie, une introspection solitaire, mais qui se met en jeu, se donne à voir et à entendre, à la fois pour soi et pour le public.

Un spectacle exutoire pour faire rejaillir la langue empêchée du fond des entrailles.

 

Y revenir – aux racines – par le poème

Par la langue

Par la voix

Par le chant

Le rythme

 

Donner à entendre les secousses sismiques de la langue qui couve

Donner voix à cette langue empêchée

Et laisser jaillir le créole

Tendre vers l’extase linguistique

Un exorcisme poétique en somme

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