top of page
img_6370 - Copie.jpg

Blanche Neige 

Texte Robert Walser
 

Lecture


Mise en espace et en voix : Valérie Paüs

 
Avec: Léna Chambouleyron, Alain Cesco-Resia, Valérie Paüs, Thomas Rousselot, Florian Simon

​

​

Soutien : Le Centre Européen de la Poésie d’Avignon

​

La pièce de Robert Walser n’est pas une réécriture du conte des frères Grimm. Mais c’est pourtant bien ce conte que l’on retrouve en toile de fond de cette « dramolette », ou « dramolet » –  comme l’appelle Robert Walser – qui commence là où s’arrête celui des Grimm, juste avant la fin heureuse annoncée par la formule « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». 

Tout se joue donc après les évènements relatés dans le conte traditionnel, entre une belle-mère équivoque et bien vivante, un chasseur viril et un prince fuyant. Blanche-Neige, libérée de son cercueil de verre et ramenée à la vie par le baiser du prince, n’est plus la Blanche-Neige du conte, épanouie et amoureuse de son prince charmant. La seule chose qui compte ici à ses yeux est de régler ses comptes avec sa belle-mère qui a voulu la tuer.

Mais ce meurtre a-t-il réellement eu lieu ? N’est-il pas un « mensonge noir et fou, dur à entendre, bon à faire peur aux enfants » comme l’affirmera Blanche-Neige elle-même.

Chacun des personnages va affirmer ce crime puis le nier alternativement et on assiste à un jeu indémêlable du vrai et du faux, de l’amour et de la haine, un jeu qui plonge les personnages dans une incertitude constante. Les mots semblent se retourner pour exprimer une chose puis son contraire. A chaque fois que la vérité semble établie elle est aussitôt détruite. Cette « vérité » devient décidable, entraînant les personnages dans un état proche de la folie. Blanche-Neige reste prisonnière du conte qui ici n’a plus de fin.

Derrière la beauté de la langue, la poésie du texte, apparaît la violence des relations fondées sur la dualité amour/haine.

Par ailleurs Walser a eu l’intuition de lier la sexualité de la Reine au meurtre de Blanche-Neige (le chasseur est ici son amant) et cette sexualité exerce un pouvoir attractif sur tous les hommes, y compris le prince charmant qui se détourne de Blanche-Neige. Aussi ce qui se joue dans cette pièce c’est le développement sexuel de Blanche-Neige qui devra dépasser sa recherche de vérité et le conflit avec sa belle-mère pour cesser d’être cette « pieuse image d’hiver », pour passer à l’âge adulte et s’ouvrir au feu du désir.

bottom of page